Réflexions

LA REPUBLIQUE DE LA HONTE

COUP DE GUEULE

Je veux parler d’une République dans laquelle ceux qui sont honnêtes sont mal-aimés, ceux qui travaillent stigmatisés, ceux qui veulent prendre des risques découragés. Ce pays où ceux qui arrivent au pouvoir sont exhortés par leur propre famille à la corruption. Dans ce pays, le relationnel et le clientélisme prennent toujours le dessus sur le mérite, la compétence, la qualité mentale. Dans ce pays, les pauvres sont méprisés, ceux qui sont handicapés marginalisés, exclus, bref socialement relégués au second plan. Dans ce pays, parmi les dernières références religieuses, beaucoup au prix de leur dignité, leur considération, leur rapport avec Dieu ont échangé leurs chapelets contre le luxe et l’opulence.

Dans ma patrie, on n’ose pas crier haut et fort que celui qui quitte son parti pour un autre est un traître; ce peuple qui n’apprend pas a ses enfants des valeurs de fierté et qui a même osé occulter une partie de son histoire: le bombardement du camp de Thiaroye en est une parfaite illustration. Un pays qui ne dit jamais à ses fils que l’ « on ne construit rien de grand si on se méprise ». C’est aussi cette république qui envoie les plus brillants de ses enfants étudier à l’étranger sans suivi ni même information sur les débouchés qui leurs sont offerts à la fin de leurs études. Ne s’agit-il pas d’une manière d’ « exiler » tout simplement les futurs intellectuels pour conforter ses pouvoirs par réduction du mouvement contestataire? Un pays ou par peur de rajouter des mots aux maux tout le monde se tait. Ainsi, les familles laissent leurs enfants aux prix de leur illusion, leur identité, leur vie se mettre en chemin pour s’inventer une terre promise.

Un pays visiblement très croyant même «trop», où beaucoup de personnes armées de leurs chapelets attendent tranquillement la providence divine qui ne viendrait certainement pas. Donc la croyance en Dieu ne fait aucun doute dans ce pays mais n’empêche on n’« Adore » les charlatans : par exemple dans ce bled, la chaleur humaine est tellement forte que si on se limitait qu’aux apparences, parler d’union sacrée ou d’entente cordiale ne serait pas exagéré. Mais au fond loin des regards, dans les coulisses de la nuit, beaucoup n’hésiterait à sacrifier l’avenir du voisin chez le marabout « charlatan » : « celui qui est censé sceller les destins ». Encore et encore dans ce pays, on ne croit pas trop au pouvoir du travail, c’est pourquoi certaines personnes n’hésiteraient guère à échanger le pouvoir du travail contre celui de la manigance, de la manipulation, de la corruption ou tout simplement contre les prédications du charlatan. Par conséquent, ce pays compte un nombre important d’adeptes de la philosophie de l’évitement de l’effort et a inventé une nouvelle profession : « politicien » pour accueillir ceux qui veulent gagner leur vie sans travailler. Entre autres signes de croyance, dans ce pays, à chaque coin de rue on « croise » une mosquée mais paradoxalement les comportements enseignés dans ces lieux saints ne se croisent pratiquement pas dans la rue. Ce pays criblé de vices et pourtant dont le nom chante : Sénégal !

Mon pays, si j’étais médecin je t’aurais ausculté sans laisser rien transparaître, si j’étais professeur je t’aurais rendu des copies détestables sans mots. Sénégal, si j’étais avocat je plaiderais contre toi, procureur je t’aurais condamné, marabout je t’aurais envoûté. Mais malheureusement je ne suis rien de tout cela. C’est pourquoi à travers ma plume je dénonce un comportement populaire totalement parasitaire et négatif. Sénégal, si tu ne veux pas devenir le spectateur passif d’une évolution qui t’échappe, il faudra au minimum œuvrer dans le sens d’une prise de conscience de tes vices car de toute évidence l’inaction coûtera certainement beaucoup plus chère que l’action. Donc, Sénégal, pour liquider tes vices tu dois faire preuve d’ambition et cesser d’attendre un miracle car seule une ambition forte et sincère peut te permettre de croire que tout est possible en ce moment ou tous les signaux indiquent le contraire. A bon entendeur salut !
Khalifa SALL

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