Sociétés et traditions

Casamance : une situation de ni paix ni guerre !

Casamance, un conflit qui a duré plus trois décennies avec ses centaines de morts et de disparus. Malgré les multiples tentatives de règlements du conflit, l’insécurité dans cette partie du territoire sénégalais persiste toujours.

Aux origines du conflit :

A la veille du départ de Léopold Senghor, lorsque le défunt Abbé Diamacoune Senghor déclare dans une conférence publique à la Chambre de Commerce de Dakar en ce mois d’Août 1980 : « De quel droit la France a-t-elle à l’indépendance du Sénégal, rattaché la Casamance à ce pays sans que les intéressés soient consultés ? La Casamance n’a rien à voir avec le Sénégal du point de vue historique, économique et ethnique. » . Les dirigeants d’alors ne semblaient pas mesurer la portée de telles affirmations ! 

Le président Abdou Diouf à son arrivée au pouvoir en Janvier 1981, avait eu connaissance de deux lettres que l’énigmatique prélat avait écrit à Senghor pour revendiquer l’indépendance de la Casamance. Le président Diouf avait cherché à dissuader l’Abbé Diamacoune par tous les moyens. Face à Abdou Diouf qui le menaçait de la puissance de l’Etat, il dira à ce dernier : « Je suis un Joola, tu sais que je ne reculerai pas ! ». L’Abbé Diamacoune Senghor échappera à 22 tentatives d’assassinat entre 1980 et 1995 !

En Juin 1981 il fait la connaissance de Mamadou Sané dit Nkrumah (chef d’Attika branche armée du MFDC créé en 1985) et Sidy Badji ancien Sergent Chef de l’armée française. Et ce sont ces derniers qui planifieront le soulèvement de Décembre 1982 marquant ainsi le début d’une guerre qui va durer plus de deux décennies. Il faut dire qu’après l’indépendance du Sénégal en 1960 certains hauts fonctionnaires de l’Etat avaient spoliés les meilleures terres et rasés les bois sacrés objet de cultes familiaux pour construire leurs villas. Ce qui irrita la majeure partie de la population casamançaise.

 Une guerre sanglante

Après avoir passé plus de 5ans en prison, Abbé  Diamacoune  signe les premiers accords de cessez le feu avec le gouvernement sénégalais le 31 Mai 1991 à Toubacouta.Mais cela ne l’empêche pas de rester dans le maquis. L’année 1992 sera particulièrement sanglante ce qui emmènera le concile de Décembre des évêques du Sénégal, de Mauritanie et de la Gambie à désavouer l’engagement du prêtre rebelle dans l’insurrection casamançaise car disent-ils « Cela va à l’encontre de sa consécration et de sa mission de prêtre de Jésus Christ, d’homme d’église et de paix ». Diamacoune restera dans le maquis jusqu’au 19 Mars 1993 avant d’être capturé et mis en résidence surveillée au œuvre Catholiques. Il signe dans la foulée le deuxième accord de cessez le feu le 8 Juillet 1993. Malgré ces accords les attaques contre les convois militaires et civils reprennent de plus belle…

Règlement du conflit
En 2000 avec l’avènement de l’alternance, le président Abdoulaye Wade qui succède à Abdou Diouf promet de résoudre le conflit en 100 jours ! Le président Wade connait bien les rebelles du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance. Parce que quand il était Ministre d’Etat il les recevait souvent à son domicile du point E pour négocier. D’ailleurs il disait souvent que c’est grâce à lui que Diamacoune avait été libéré en 1991. Des accords de paix furent signés en Mars 2001 à l’Evêché de Ziguinchor et le 30 Décembre 2004 à Foundiougne. Mais le conflit perdure toujours…
Après le décès de l’Abbé Diamacoune Senghor il y a eu des dissensions internes au sein du mouvement d’un côté la rivalité entre les hommes de Salif Sadio et ceux d’Ismaïlla Magne Diémé. De l’autre côté les rivalités entre Nkrumah Sané, Ansoumana Badji et Jean marie Biangui pour le contrôle de la direction du mouvement.

Ni paix, ni guerre

La Casamance est aujourd’hui dans une situation de ni paix ni guerre. Et c’est cette situation que certains gens au sombre dessein, au macabre projet tapis dans l’ombre veulent exploiter pour leurs propres intérêts. L’interview que  Salif Sadio  avait accordée à France 24 etait  loin d’être anodine. Ce dernier avait clairement réaffirmé sa volonté de continuer la lutte pour l’indépendance sur la chaîne française. Aujourd’hui avec l’assassinat de treize  personnes à Boffa (village du Sénégal situé en Basse-Casamance, à l’est de Nyassia et à proximité de la frontière avec la Guinée-Bissau.) et l’enlèvement de  six passagers d’un bus dont trois femmes à Badiouré  dans le département de Bignona montre que cette partie du Sénégal est dans une grande insécurité à cause des groupes armée qui font régner la terreur dans cette région au grand dam des populations…

Alioune Assé Seck

 

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