Religions et spiritualité

INTRODUCTION DE « ABADA BOUROÛQ » : DE LA NOSTALGIE DE LA CITÉ PROPHÉTIQUE À L’ÉLOGE DES COMPAGNONS

Ce 27 Juin 2019 marque la date anniversaire de la disparition de l’éminent homme de Dieu, le savant émérite et Khalife de la Tijâniya Seydi Hâji Malick Sy. Waladounyâti lui rend hommage en revenant sur l’un de ses illustres écrits dénommé « Abada Bouroûq ».

« Abada Bouroûq » fait partie des œuvres les plus spectaculaires de Seydi Hâji Malick Sy. Son titre a été tiré du premier vers du poème articulé sous forme de questionnement : « abada Bouroûq… » (ai-je aperçu un éclair… ?).

Contrairement à la richesse de son contenu, son volume est de seulement (63) vers, chiffre qui fait peut-être référence aux 63 années de vie terrestre du Prophète (s.a.w). Le contexte d’élaboration de ce recueil se situerait avant que Maodo ne voyage vers la Mecque, d’où l’ambiance spirituelle extrême qui y règne, témoin d’un amour incessant envers le meilleur des créatures, le Prophète Seydi Ahmed (s.a.w).

 « Abada Bouroûq » est un trésor littéraire qui émerveille par son niveau de langue si riche et approfondi, sa sonorité prodigieuse, les nombreuses figures de styles classiques utilisées par l’auteur et qui sont exclusives à la langue arabe. On peut citer en exemple la sorte de « Pré-négation Positive » qu’il a employée lorsqu’il témoignait que « il n’ont pas de défaut excepté leur concorde… » (vers numéro 16). Ce qu’il a appelé défaut, était donc en réalité  une qualité.

Dans cette introduction, Maodo Malick y décrit l’amour spirituel et passionnel qu’il a pour le Prophète (s.a.w), niché dans des séries métaphoriques, la nostalgie de sa cité et de ses habitants, de même que le panégyrique des compagnons.

(1) Ai-je vu apparaitre un éclair au fond des ténèbres ?

Ou le visage de Mayyata ou des habitations de Châm ?

Ce n’est en réalité ni le joli visage de Mayyata qui l’intéresse, ni les campements syriens de Châm, plutôt ceux de Mecque et Médine et particulièrement la demeure du Prophète.

(2) Ces demeures représentent certes pour moi source de joie et de sécurité. Et est le printemps de mon cœur et la meilleure des marques distinctives.

(3) Du fait de l’éloignement des demeures de nos seigneurs, la larme de passion coula à flot et (la douleur) a percé le fond de ma gorge telle une flèche enflammée.

(4) Abstiens-toi de formuler des blâmes à mon égard, car si tu avais connaissance (de mon chagrin d’amour) tu ne blâmerais pas, ne serait-il pas même illicite de me raisonner ?

(5) Mon cœur est rempli de ce décret de passion et de désir, mélangé de douleur et de chagrin, ô que mon tourment a duré !

(6) Oh toi qui s’est levé le matin montant un chameau voyageur, transmets mes salutations et demande-les si leurs habitants sont en paix ?

(7) prends-garde sur Le Fou de Leïla (à ne pas trop le juger),

Car Il y a certes en moi une maladie chronique que personne ne pourra guérir.

Le chronique du drame amoureux du « fou de Leïla » (Majnoûnou Leïla en arabe) est très célèbre dans la poésie orientale arabe, on le dénommait « le fou (amoureux) de Leïla » du fait de l’extrême amour qu’il avait pour Leïla qui était sa cousine.  Son véritable nom est « Qaïs Ibn Moulâwah » qui a vécu en Arabie, dans le premier siècle de l’hégire selon plusieurs sources contrairement à d’autres qui le jugent potentiellement préislamique. Qaïs et Leïla avaient grandi ensemble et s’aimaient mutuellement. Le jeune homme était un excellent poète et ne pouvait s’empêcher de chanter son amour à tous les vents, exprimant sans retenue son souhait d’épouser Leïla. Majeur, la famille de Qaïs demanda Leïla en mariage contre cinquante chamelles, mais le père de Leïla refusa pour des raisons coutumières. D’aucuns parlent d’un malentendu historique entre les deux familles à propos d’un héritage. Dans tous les cas, le mariage n’a pas eu lieu. C’est ainsi que Qaïs sombra alors dans une tristesse inconsolable jusqu’à en perdre la raison, s’isolant pour la plupart du temps pour chanter Leïla par les nombreux poèmes qu’il lui a dédiés. Son père l’amena même devant la Kaaba pour qu’il prie Dieu de faire sortir Leïla de sa tête, mais on dit que Qaïs a demandé le contraire. C’est ainsi qu’il parcourait le désert sans doute à la recherche de Leïla qui a été mariée à un autre et qui avait quitté sa contrée.

Un jour, il est découvert mort, son corps recouvrant un dernier poème adressé à son éternel amour. Le récit de sa mort est sujet de controverse car certains affirment même, qu’il a fini par découvrir Leïla qui était à ce moment décédée et Qaïs resta sur la tombe sans manger ni boire pour la pleurer de toutes ses larmes. C’est ainsi qu’il mourra quelques jours après et sera enterré à coté de Leïla.

Seydi Hâji Mâlick Sy dit ainsi que malgré cette folie de Qaïs, l’amour qu’il porte envers le Prophète, sa famille et les habitants de sa cité est plus durable que celui de Qaïs.

 (8) Récites-leur des formules de paix, de salutations bénies, célébrant l’amour d’un admirateur, que mon Seigneur te guide (sur ton chemin).

(9) Clarifie-leur par une preuve d’un gentil et sincère homme sur l’affection douloureuse et intense que j’ai pour eux.

(10) ô Combien de nuits j’ai veillé en compagnie du hérisson, me déplaçant sans cesse et répondant aux cris des pigeons !

(11) Je contemplais silencieusement les étoiles jusqu’à ce qu’elles m’apparaissent comme fixées sur le plan de mes yeux.

(12) Généreux ils étaient, éminents et parfaits, cependant,

Ils ne connaissaient pas ‘’s’isoler à l’heure du diner’’.

(13) Justes ils étaient et majestueux, cependant,

Ont obtenu lors du partage (des grades célestes) la part du lion.

(14) Leur conviction était noble, cependant,

 Leur largesse est comme des gouttes d’eau d’une pluie abondante.

(16) ils n’ont pas de défaut excepté leur concorde,

(Symbolisant) le poison pour l’ennemi et la victoire de tout homme de bien.

(17) Les nécessiteux auront en eux du meilleur des miels purs,

Jusqu’à oublier leur famille à cause d’une bonne compagnie.

(18) ils sont les étoiles pour quiconque voudrait suivre leur ciel (le Prophète), la pleine lune de l’obscurité qui fera dissiper les ténèbres

(19) Il est le soleil de la guidance, la source lumineuse de notre existence,

Vive la pleine lune (le Prophète) du début à la fin

C’est ainsi que Seydi Hâji Malick accéda au véritable objet de son désir : le Prophète Mouhamad (s.a.w) après son passage sur ses nobles compagnons. Dans la suite de l’ouvrage, il célèbrera son éminence, dressera un portrait physique unique de lui, de la même manière, il relatera nombreux des prodiges qu’il a effectués. Ces révélations nous intéresseront incha Allah dans la suite des articles réservés à cet ouvrage.

Traduction : Cheikh Tidiane Sémbène/ Desk Tarîqa Tidiane

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