Sociétés et traditions

Rites et traditions au pays des Wolofs

Le Sénégal est une véritable mosaïque culturelle : langues, ethnies et religions se côtoient harmonieusement dans une symphonie folklorique qui révèle la puissance des croyances traditionnelles africaines, malgré le joug colonial. Réputé pour son ouverture d’esprit ainsi que sa forte propension à accueillir et à intégrer les étrangers, le pays de la Téranga demeure toutefois fidèle à ses origines et vibre encore au rythme de ses traditions.

Les principaux groupes ethniques du Sénégal sont les Wolofs, les Sérères, les Diola, les Toucouleur, les Mandingues et les Bassari. Ils possèdent tous une grande une richesse culturelle avec des rites qui continuent à être pratiqués, malgré les religions importées.

Les Wolofs représentent l’ethnie majoritaire du Sénégal. Ils sont originaires de l’ouest du pays, de Saint-Louis à la frontière gambienne, en passant par Thiès, Dakar et Kaolak. À l’image des Toucouleurs, Mandingues et Sérères, les Wolofs constituent une société de castes, des aristocrates aux esclaves. Aujourd’hui, même si l’esclavage a disparu, les castes restent très importantes aux yeux des Wolofs qui les revendiquent. Malgré une islamisation assez précoce, les Wolofs ont tout de même conservé leur religion traditionnelle pleine de rites, mais qui est surtout pratiquée par les Lébous.

Les Peuls et Toucouleurs sont la deuxième ethnie du pays. Ils sont présents dans toutes les régions du Sénégal. Les Toucouleurs, une branche de l’ethnie peule, sont surtout présents le long du fleuve Sénégal, entre Saint-Louis et Bakel.

Les Sérères sont concentrés dans les îles du delta du Sine-Saloum et le long de la Petite Côte. C’est une ethnie très attachée au syncrétisme et qui conserve jalousement sa riche tradition héritée de ses ancêtres. Certaines cérémonies sont très connues, comme le pèlerinage Raan, dans le village de Tukar, qui est un hommage annuel au Pangool, l’esprit des ancêtres, ou encore le Ndut, le rituel de passage à la vie adulte. La lutte traditionnelle est également un symbole sérère très populaire dans le Sine-Saloum. Il s’agit d’un cérémonial qui a depuis séduit la majorité des Sénégalais, en conservant son aspect mystique. Loin d’être comparable à la lutte gréco-romaine, il s’agit davantage d’un rituel, qui débute par un folklore autour des lutteurs. Ils sont entourés de leur marabout et exécutent plusieurs sacrifices dans l’espoir de remporter la victoire. Le lutteur est vêtu d’un ensemble de pagnes savamment agencés pour former une culotte appelée «nguemb». Il est recouvert d’amulettes et de gris-gris et la cérémonie commence par des chants, ponctués de battements de tams-tams, entonnés par des griots, appelés baks.

Les Diolas sont les habitants de la Basse-Casamance et ont une histoire assez identique à celle des Sérères. Résistant à l’envahisseur musulman et à la colonisation, la population s’est peu à peu convertie autant à l’islam qu’au catholicisme, mais les traditions animistes restent fortes. C’est l’ethnie la plus traditionnelle du Sénégal. À l’opposé des autres ethnies, la société diola est très réfractaire aux castes. Les rois sont au service du peuple et représentent une institution. De nombreuses autres ethnies partagent le territoire sud avec les Diolas : les Baïnouk, les Balantes, les Manjaques, les Mancagnes, les Karones, les Bandials…

Les Mandingues sont présents dans toute l’Afrique de l’Ouest autour des fleuves Sénégal et Niger et sont originaires du Mali. Plusieurs ethnies mandingues se trouvent au Sénégal : les Malinkés, les Socés, les Bambaras, les Diakhantés et les plus nombreux, les Soninkés ou Sarakolés.

Les Bassari sont peu nombreux et vivent sur les hauteurs du Sénégal oriental, dans les montagnes du Fouta Djalon, près de Kedougou. Ils conservent jalousement leurs traditions animistes et sont surtout connus pour leurs rites d’initiation qui marquent le passage au stade d’adulte.

Plusieurs légendes et rites traditionnels sont répertoriés dans tout le Sénégal. On peut notamment citer :

Le baobab sacré de Nianing

Il s’agit d’un baobab de plus de 32m de diamètre qui se dresse dans la grande forêt des baobabs de Nianing, près de Mbour. Pendant longtemps, il fut le lieu de sépulcre des griots que la société sérére jugeait indignes de reposer sous la terre. Il est aujourd’hui considéré comme un baobab protecteur.

Le mythe du tamarinier de Kaolack

Il s’agit d’une légende qui viendrait d’une aventure arrivée à Mboutou Sow, chef de canton et fondateur du quartier Leona, à Kaolack. Un jour, se reposant à l’ombre de l’arbre, il aurait entendu une voix lui disant que sa place était désormais sous son branchage. Lorsque les autorités coloniales décidèrent d’abattre le tamarinier afin de libérer le passage, il s’y serait vivement opposé, sans toutefois réussir à les en empêcher. Le commandant de cercle Brocard et ses hommes, entêtés, le fendirent donc à coups de hache, indifférents au sang qui s’en écoulait et ils moururent tous les uns après les autres quelques jours plus tard.

Le Kankourang

Cet être mythique, habillé de fibres faites d’écorces d’arbres et de deux coupe-coupe dans les mains, est chargé de protéger les nouveaux circoncis, «ndiouli» en wolof, contre les mauvais esprits. Le Kankourang serait issu du Komo, une société secrète de chasseurs mandingues férus de pratiques ésotériques. Il a encore lieu chaque année en période d’hivernage, dans le sud du pays, en Casamance et à Mbour, où réside une forte communauté mandingue (Socé)

Le Simb ou faux lion

À l’origine, le faux lion serait un rite de possession. La légende raconte qu’un chasseur, lorsqu’il était attaqué par un lion et qu’il survivait, devenait une personne étrange, comme possédée par l’esprit du fauve, rugissant et se nourrissant de viande crue. Les guérisseurs procédaient donc à des rituels d’exorcisme. Aujourd’hui, il relève plus d’un spectacle ludique que d’un quelconque rite mystérieux.

Le fanal de Saint-Louis

L’événement date du XVIIIe siècle. À cette époque, les signares, ces riches femmes métissées, se rendaient à la messe de minuit parées de leurs plus beaux atours, entourées de leurs serviteurs. Ces derniers tenaient des lanternes et escortaient leurs maîtresses, qui progressaient lentement dans les rues. Au fil des ans, les Saint-Louisiens ont fait de cette coutume une authentique fête traditionnelle.

Le Kamagnène 

Le Kamagnène chez les Diolas, ou la fête des récoltes, marque officiellement la fin des récoltes du riz, le début de l’an et le moment de remercier Dieu «Atémit», pour l’abondance de ses bienfaits. C’était aussi, comme le veut la tradition, l’occasion de présenter les couples dont le mariage était prévu dans le courant de l’année.

Le Boukout

Ce rite initiatique du Sénégal austral est présent depuis le XIIe siècle. Il a lieu à intervalle irrégulier. Il faut d’abord, pour que la date de sa tenue soit fixée, que les sages annoncent l’événement après avoir constaté dans le village une série de phénomènes qui constituent autant de signes. Les épreuves initiatiques se déroulent dans le bois sacré à l’abri des regards. Le non-initié n’étant pas considéré comme un homme, cette cérémonie constitue la fin d’un cycle et le passage à l’âge adulte.

Par: Monica Kalla Lobé

Source : happyinafrica.com

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