Pour définir la relation qui réside entre le noubouwa (prophétie) et la wilaya (pouvoir spirituel), il faut remonter à une organisation faite par Le Tout Puissant et qui renvoie à ce que Mawlaya Seydi Mouhamed El Cheikh appelle l’organisation du milieu divin. Mais, selon l’idéologie la plus répandue, Le Seigneur octroie la prophétie aux prophètes et un certain nombre d’attributs faisant référence au pouvoir spirituel, à ceux qu’on appelle communément saints. Pourtant, le rapport entre noubouwa et wilaya renferme bien plus de mystères que ce que laisse entendre cette allégation.
D’après les enseignements tirés du discours de Mawlaya Seydi Mouhamed El Cheikh, il subsiste plusieurs catégories de prophéties émanant toutes d’une même source originelle : la prophétie dite suprême (Noubouwatoul Ahzam). Cette dernière, détenue par le Sceau des prophètes Seydi Ahmed (psl), est la seule prophétie à être achevée et l’origine de toutes lumières prophétiques dont est imprégné tout dépositaire de noubouwa, même les prophètes les plus doués de fermeté (Ouloul Azmi Minar-Roussoul). Autrement dit, la mission du prophète (psl) est intimement liée à toute autre mission céleste, puisque c’est d’elle que toutes les autres sont puisées.
La corrélation faite entre prophétie et pouvoir spirituel, elle, est d’autant plus opportune, puisque la première émanation de la prophétie suprême, est détenue par le Sceau des saints Mawlaya Cheikh Ahmadat-Tijani. Cette prophétie répond sous le vocable de la prophétie Intermédiaire (Noubouwatoul Ahzar). Ceci remet en cause le principe selon lequel, la prophétie est l’affaire exclusive des prophètes, en ce sens que Mawlaya Cheikh Ahmadat-Tijani est considéré comme étant un Saint, du moins selon le sens commun. Il occupe, en effet, une place particulière dans le cercle restreint d’Allah grâce au noubouwatoul ahzar qui fait preuve de son lien immanent avec Seydi Ahmed (psl). Aussi, la prophétie intermédiaire dont il est le maitre, est le film protecteur de la prophétie suprême du prophète (psl), en d’autres termes, nul ne peut espérer bénéficier de la lumière de notre prophète sans passer par Cheikh Tijani, faisant de lui l’intermédiaire entre le prophète de l’islam (psl) et les autres prophètes. Ce principe est appelé Katmiya.
Le katmiya est un grade détenu par Mawlaya Cheikh Ahmadat-Tijani et qui stipule qu’il représente le second personnage légendaire auprès d’Allah après le prophète (psl). D’une autre part, le statut particulier de Cheikh Tijani auprès de notre prophète (psl) lui confère deux autres stations que sont le barzakhoul maktoum (le coté caché de la suprématie) et le khoutboul maktoum (le pôle caché) ; deux grades qui font de lui le maitre des saints et l’intermédiaire entre le prophète (psl) et les saints et au-delà, entre le prophète (psl) et toutes les autres créatures. Cette relation entre Cheikh Tijani, Seydi Ahmed (psl) et le reste de la création s’appelle khatmiya.
Conséquemment à ce qui a été dit plus haut, la prophétie peut aussi bien être détenue par un prophète que par un saint, à condition qu’il soit détenteur d’une mission et qu’il soit érigé au rang de pôle (khoutbou), bien qu’il ne puisse nullement être considéré ou appelé prophète et n’appartient pas non plus à l’ordre des 124 000 prophètes d’Allah. La possession d’une mission est dès lors une condition inéluctable pour qu’un saint puisse être doté de noubouwa, disons que le noubouwa, même quand il est détenu par un prophète, est indissociable à une mission, d’autant plus qu’être prophète implique toujours être missionnaire ; ce qui n’est pas le cas pour la wilaya, car celle-ci n’est pas toujours synonyme de mission.
Mawlaya Cheikh Ahmadat-Tijani, le détenteur de la prophétie intermédiaire (noubouwatoul ahzar), est aussi et par conséquent, le dépositaire de la mission islamique dans son coté haqiqa (ésotérique), incarné par sa voie spirituelle : la Tijaniya ; alors que le coté exotérique de l’islam est celui qui fut enseigné par le prophète (psl). Ce qui démontre une fois de plus l’étroitesse de leurs liens. Mawlaya Cheikh Ahmadat-Tijani est ainsi le précepteur de la réalité existante entre le monde chahada (monde terrestre) et le monde ghayb (invisible) et fut pourvu d’une mission universelle aujourd’hui à l’origine de million d’adeptes dans le monde.
Seydi Mouhamed El Cheikh nous apprend ainsi que la prophétie est une ligne de communication entre Dieu et le missionnaire qu’il envoie vers une génération donnée, permettant à son émissaire de véhiculer un message fidèle à ses orientations et c’est la raison pour laquelle un discours prophétique ne peut être sujet à l’erreur : « En vérité, votre compatriote n’est ni un égaré ni un illuminé ; et il ne dit rien sous l’effet de la passion ! ; Ce n’est en fait qu’une révélation inspirée ; que lui a enseignée un être d’une force prodigieuse » (sourate 53 ; verset 2, 3, 4 et 5). Dès lors, même s’il peut arriver qu’un prophète commette une maladresse dans ses faits ou dires, cela ne peut nullement être lié à son message prophétique en rapport avec sa mission, car le noubouwa constitue un repère ainsi qu’un moyen de contrôle pour un prophète mais aussi une forme de protection contre toutes failles ou dérapage dans son message.
Le prophète Yunus (Jonas), en ce qui le concerne, avait proféré des menaces envers son peuple et avait émis des propos qui n’étaient pas l’objet d’un ordre divin mais juste une précipitation de sa part et c’est ce qui causa qu’il soit ensuite englouti par un gros poisson pendant 40 jours, ce qui lui permit de parfaire sa formation spirituelle en ce qui a trait à l’endurance dont doit faire montre tout missionnaire. Son erreur n’était pas sous-tendue par sa prophétie et n’avait donc pas de lien avec elle.
La wilaya est, d’après Mawlaya Seydi Mouhamed El Cheikh, quant à elle, un don de pouvoir divin qu’Allah octroie à qui il veut, lui permettant de pouvoir découvrir ses mystères confinés dans le monde invisible (ghayb). Un saint peut être doté d’une wilaya accomplie sans pour autant être titulaire d’une mission et sans que cela n’entrave en rien sa sainteté et peut même figurer parmi les saints qui assistent à la hadaratoul illahiya (assemblée céleste qui se tient tous les jeudis soir au 5ème ciel pour discuter des décrets divins en vue dans la semaine).
Somme toute, le noubouwa bien que généralement assigné aux prophètes, devrait plutôt être corrélé aux missionnaires, qu’ils soient prophètes ou saints. La question que l’on devrait plutôt se poser est de savoir de quelle prophétie est pourvue le missionnaire qui nous intéresse, car il en existe plusieurs, même si nous n’en avons cité que deux dans cet article et c’est la réponse à cette question qui permettra de connaitre le grade du missionnaire parmi les élus d’Allah. La wilaya elle, est l’affaire de walis (hommes de Dieu). Wilaya comme noubouwa ont aussi toutes deux la même essence : le prophète (psl), source de toutes lumières et de tous bienfaits. Sauf qu’il existe un être incontournable pour espérer bénéficier de cela : Mawlaya Cheikh Ahmadat-Tijani ou l’antichambre du meilleur des êtres crées : « … entrez donc dans les maisons par leurs portes… » (Sourate 2 ; verset 189).
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