L’étude de la notion de temps sous l’angle de la spiritualité révèle l’opposition des réalités du monde chahada aux réalités du divin. Au monde chahada, l’écoulement du temps se mesure par rapport à l’évolution d’astres comme le soleil en détermine la durée d’un jour et la lune en fait état du nombre de jours d’un mois. Les réalités qui structurent le divin, par contre, voient leur temps s’apprécier par le biais du représentant de Dieu.
On comprend dès lors la formule de Mawlaya Cheikh Tidjani selon laquelle ” haza takbiroul lah”. Étant donné que ce khalif est un démembrement oulouhiyatique, il ne peut être conditionné que par les exigences divinales et jamais par l’emprise du monde chahada. Or, suivant les exigences divinales, un jour équivaut à milles années en chahada et une année, à six jours selon le décompte divin. La notion de temps change alors en fonction des réalités qu’elle régit.
Ainsi, la création des cieux et de la terre ayant valu six jours se rattache aux jours du monde chahada. La raison en est que l’objectif principal de cette création fut la délimitation d’un espace où Le Créateur testera de la volonté de ses créatures à confirmer les “oui” qui rythmaient au « halamoul arwaah ». Il s’avère que cet espace est devenu aujourd’hui le monde chahada ; d’où la classification de ces jours de création aux réalités du monde chahada. En revanche, les 50000 années du jour de la résurrection se rapportent aux réalités du divin puisque ce jour est réclamé par Le Créateur comme étant sa propriété ; d’autant plus que la disparition du monde chahada est concomitante à celle de la notion de temps qui le régit. Finalement, la notion de temps apparaît comme une médaille à double revers affichant d’un côté un phénomène chahadesque et d’un autre, un phénomène divin.
MOUSSA FALL
Moussa Fall, Alioune Dieye
